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Les nouveaux horizons du laboratoire Stella Mare, la plateforme de l’Université de Corse et du CNRS spécialisée en ingénierie écologique marine et littorale

Après avoir conforté ses méthodes scientifiques depuis une décennie, la plateforme marine de l’Université de Corse et du CNRS exporte son savoir-faire et ses résultats au-delà des frontières insulaires. Son objectif : proposer des solutions pratiques face à l’effondrement de la biodiversité.

C’est à la fois une avancée sur les perspectives offertes par la recherche et une reconnaissance des travaux scientifiques conduits à Stella Mare. Portée sur les fonts baptismaux en 2011, cette plateforme de l’Université de Corse et du CNRS, spécialisée en ingénierie écologique marine et littorale, et forte de son expérience sur la gestion des ressources naturelles, exporte désormais son savoir-faire au-delà des frontières insulaires.
« La maturité scientifique de nos travaux, sur la maîtrise de la reproduction d’une dizaine d’espèces marines et la restauration écologique des populations dans le milieu naturel, nous permet aujourd’hui d’entrer dans une nouvelle phase de notre projet, explique le Pr Antoine Aiello, directeur de Stella Mare. Il s’agit de valoriser nos résultats au niveau international pour proposer des solutions concrètes face à l’effondrement de la biodiversité, en soutenant le renouvellement des stocks de certaines espèces à l’échelle de la Méditerranée. »  Le transfert des méthodes et outils nécessaires à la restauration des populations dans les zones dégradées ou déstabilisées par l’homme se situe dans le droit fil des objectifs du laboratoire.

Dans un premier temps, deux espèces sont concernées par ces travaux : l’oursin violet (Paracentrotus lividus) et l’huître plate européenne (Ostrea edulis).
Le Parc maritime départemental Estérel-Théoule, dans les Alpes-Maritimes, a en effet sollicité les équipes de Stella Mare afin de mettre en place une expérimentation dont l’objectif premier est d’éprouver les procédés techniques de la plateforme. « Nos équipes se sont rendues sur site pour prélever des géniteurs d’oursins, précise Alexandre Vela, docteur en biologie et ingénieur à Stella Mare. L’objectif est d’assurer leur reproduction et leur élevage dans nos laboratoires, pour ensuite les transporter dans le parc de Théoule-sur-Mer, et valider nos méthodes expérimentales de restauration. »
Cet espace maritime de 353 hectares n’est pas le seul à faire l’objet d’évaluations environnementales et d’expérimentations d’ingénierie écologique. Stella Mare a également conventionné avec la coopérative des ostréiculteurs de l’étang de Thau, la plus vaste lagune d’eau de mer de la région Occitanie. Les équipes de la plateforme, qui travaillent de longue date sur la domestication de l’huître plate, assurent la production de cette espèce dans les bassins de Stella Mare afin de permettre l’approvisionnement en juvéniles de cette ressource pour les ostréiculteurs. Une démarche qui s’inscrit dans un objectif de dynamisation de l’économie bleue. « Nous testons notre propre capacité à apporter des solutions pratiques pour préserver les espèces à l’échelle de la Méditerranée et, en même temps, permettre la durabilité des activités économiques qui s’y rapportent, avance Jean-José Filippi, docteur en biologie et ingénieur à Stella MareCette approche soutient notre objectif en matière de transfert de technologie vers les professionnels. »

La valorisation des résultats scientifiques du laboratoire ne s’arrête pas là.
Des échanges ont également lieu avec le gouvernement de Malte afin de poser les contours d’expérimentations de restauration écologique d’oursins sur le littoral maltais. L’expertise des chercheurs de la plateforme de l’Université de Corse et du CNRS est aussi sollicitée, par le biais du réseau des réserves naturelles, en Turquie ont lieu au printemps 2024. Les scientifiques de Stella Mare sont également impliqués dans le projet environnemental d’Académie de la mer que la Principauté de Monaco va accueillir à l’été 2024, avec le soutien de plusieurs partenaires internationaux tels que l’Université du Québec à Rimouski et l’Institut d’Etudes diplomatiques de Djibouti. L’enjeu portera essentiellement sur les grandes thématiques environnementales, en particulier la pêche et la surpêche, sur fond de changement climatique, qui impacte les habitats et le renouvellement des espèces.

« La présence de Stella Mare à ces événements est un signal de reconnaissance de nos travaux, estime Jean-José Filippi. Le Parlement européen a d’ailleurs adopté, en février 2024, un règlement imposant aux 27 pays de l’Union de mettre en œuvre, d’ici à 2030, des mesures de restauration sur 30 % des écosystèmes dégradés. Stella Mare, à son niveau, apporte des solutions pour continuer à préserver la biodiversité marine et pour surmonter les défis écologiques d’aujourd’hui et de demain. »

 

Juin 2024

  • Antoine AIELLO
    Antoine AIELLO
    Laboratoire STELLA MARE