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Comment l’Université de Corse et ses partenaires adaptent les agrumes aux contraintes climatiques

Hausse des températures, stress hydrique, gestion des ressources en eau… le changement climatique induit des effets sur le développement des végétaux. À travers un programme de recherche, l’Université de Corse-CNRS, le CIRAD et l’INRAE cherchent des réponses aux difficultés rencontrées par la filière agrumicole insulaire.

C’est l’un des programmes majeurs de la recherche à l’Université de Corse autour des effets du changement climatique dans l’île : comment adapter les végétaux à ces contraintes ? « Le climat évolue rapidement depuis plusieurs années, et l’enjeu est aujourd’hui de comprendre quels sont ses impacts concrets sur le développement des plantes, et en particulier sur les agrumes qui sont le deuxième secteur le plus dynamique dans l’agriculture insulaire », explique Jérémie Santini, professeur des universités en biochimie et biologie moléculaire, et directeur de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Corse.

Comment les changements climatiques se manifestent-ils dans l’île ? Cette question très complexe appelle aussi d’autres interrogations pour les chercheurs du laboratoire Sciences Pour l’Environnement (Université de Corse / CNRS). La hausse des températures est-elle une aubaine ou plutôt un inconvénient pour les agrumes ? Comment optimiser les pratiques d’irrigation afin de préserver une ressource en eau qui tend à se tarir ? Le projet de recherche mené dans le cadre du Programme d’Investissement d’Avenir (PIA) UNITI, avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE) de San Giuliano (Haute-Corse), entend apporter des réponses à ces enjeux. « Chaque année, le nombre d’hectares d’agrumes cultivés dans l’île augmente, indique Jérémie Santini. Ces végétaux ont des besoins en eau importants. Nos travaux consistent donc à étudier, entre autres, la capacité à gérer la ressource hydrique dans un contexte d’assèchement des sols et d’épisodes climatiques plus intenses. »

Pour mener à bien ce projet scientifique, les chercheurs ont noué un partenariat avec des agrumiculteurs sur plusieurs exploitations. Objectif : tester les capacités de résistance des agrumes à la température et au stress hydrique, notamment le pomelo ou la clémentine, le fruit phare de la filière. Les scientifiques s’intéressent aussi à la diversité génétique de ces végétaux et aux activités biotopiques qui entourent ces agrumes, afin de répondre à ces problématiques. Ils étudient aussi leur rendement et des variétés qui pourraient être développées dans l’île pour une agrumiculture durable et diversifiée. « Nous travaillons sur de l’innovation variétale qui pourrait permettre d’étaler la période de production des agrumes, notamment en hiver, après la saison des clémentines, précise Yann Froelicher, chercheur au centre INRAE-CIRAD de San Giuliano. Il s’agit d’étoffer le panier d’agrumes de la filière, en apportant un nouveau produit de développement. » Les études autour d’une nouvelle mandarine de Corse, qui a été supplantée dans l’île par la clémentine, s’inscrivent dans cette stratégie.

En travaillant sur ce fruit, les scientifiques s’efforcent, par le biais de croisements variétaux, de modifier l’acidité ou la quantité de pépins contenus dans cet agrume. « Ce travail minutieux vise à créer un produit qui réponde à la fois aux attentes de ceux qui cultivent et des consommateurs, développe Jérémie Santini. C’est un véritable enjeu environnemental mais aussi économique pour venir en appui au développement d’une filière, à travers un modèle de recherche qui se veut avant tout participatif et tourné vers le territoire. »

 

Juillet 2024

  • Jérémie SANTINI
    Jérémie SANTINI
    Faculté des Sciences et Techniques