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Risque incendie : l’Université de Corse et le CNRS aux avant-postes de la prévention

À travers leur laboratoire Sciences pour l’Environnement, l’Université de Corse et le CNRS sont des acteurs clé du projet Intermed. Son objectif : réduire les risques d’incendies aux interfaces forêt/habitat en définissant des moyens efficaces pour protéger les populations.

 

C’est l’un des projets phares de l’Université de Corse en matière de lutte contre les incendies. Depuis les années 1990, les chercheurs du campus Grimaldi, à Corte, ont mis en œuvre un programme de recherche scientifique centré sur la modélisation et l’expérimentation autour des feux, visant à développer des outils d’anticipation pour mieux lutter contre ces phénomènes. Le projet « Interventions pour gérer et réduire le risque d’incendie à l’interface habitat-espace naturel », baptisé Intermed, s’inscrit dans cette perspective. Dans le cadre de ce projet INTERREG Italie-France Maritime, le laboratoire Sciences pour l’Environnement (UMR SPE 6134, Université de Corse – CNRS) y prend toute sa part. Depuis 2019, cette démarche réunit, sous l’égide de la Collectivité de Corse, un panel de partenaires à travers la Méditerranée : l’Université de Corse-CNRS, l’INRAE, l’Université de Sassari (Sardaigne), la région Ligurie, l’Anci Toscana et l’Union des Communes de la Versilia (Italie). Son objectif ? Réduire le risque incendie aux interfaces forêt/habitat en définissant des moyens efficaces pour réduire la vulnérabilité de ces zones. Les résultats de ce projet sont ensuite utilisés dans le projet stratégique MED-STAR pour améliorer la capacité des institutions publiques à prévenir et à gérer le risque accru d’incendies causé par le changement climatique, dans les zones à forte présence humaine et d’intérêt naturel. Le laboratoire SPE se concentre plus précisément sur la vulnérabilité des constructions face à un incendie de végétation. « Le but de ces travaux est de proposer aux institutions publiques, à partir d’études scientifiques, des préconisations visant à prévenir les risques et à réduire la vulnérabilité de ces zones », explique Virginie Tihay-Felicelli, maître de conférences en énergétique à l’Université de Corse, rattachée à l’équipe Feux de l’UMR-SPE 6134, et responsable de ce projet.

 

En s’appuyant sur des expérimentations à échelle réelle et sur des outils de modélisation et simulation numérique, les chercheurs formulent des préconisations sur l’aménagement paysager autour des constructions, le choix des matériaux pour les bâtiments situés sur les interfaces, notamment pour les terrasses et les menuiseries pour en réduire la vulnérabilité, ou encore sur les distances de sécurité à appliquer en fonction de la végétation et de la topographie du lieu. Pour mener à bien ces études, une plateforme spécifique comportant un local d’environ 20 mètres carrés avec une terrasse a été créée à Corte sur un terrain communal mis à disposition par le Service d’Incendie et de Secours de Haute-Corse. Équipée de capteurs permettant de suivre l’évolution et la puissance du feu ainsi que l’impact du feu en temps réel sur la construction, cette installation baptisée EXPLORII* permet de réaliser des expériences à la pleine échelle pour caractériser la vulnérabilité d’une construction face à un incendie de végétation. Pour compléter les données obtenues par ces expériences, les scientifiques ont également déployé des outils de modélisation numérique afin de simuler des scenarii de feux à proximité d’habitations.

« Cette double approche numérique et expérimentale nous permet de prendre en compte différents paramètres comme la pente du terrain, les conditions météorologiques et les différents types de végétation qui peuvent avoir une incidence sur la propagation du feu et son impact sur les constructions », précise Virginie Tihay-Felicelli. De ce point de vue, les chercheurs s’attachent également à évaluer les effets de la réglementation en matière de prévention des incendies aux interfaces. En France, les obligations légales de débroussaillement (OLD), visant à limiter les risques de propagation des incendies en réduisant les matières végétales susceptibles de prendre feu et de le propager, s’appliquent pour les terrains situés à moins de 200 mètres des forêts. Autour des habitations, cette distance est de 50 mètres et s’étend jusqu’à 200 mètres sur arrêté municipal.

« Ces études doivent permettre de définir si les distances préconisées entre les constructions et les végétaux, ou entre les végétaux eux-mêmes dans la zone des 50 mètres, sont suffisantes pour toutes les configurations imaginables pour éviter une propagation du feu provenant de la forêt environnante vers la construction, indique Virginie Tihay-Felicelli. Les préconisations qui en découlent pourront ainsi servir de référence pour les autorités afin de faire évoluer les dispositions réglementaires dans le cadre des aménagements paysagers aux abords des constructions. » Les expériences réalisées permettront également de définir comment les éléments de construction peuvent participer à réduire la vulnérabilité des habitations. Des préconisations ont d’ailleurs déjà été formulées à l’occasion du rendu intermédiaire du projet auquel ont participé les services de la sphère opérationnelle.

Mai 2022

Photos :  Université de Corse

Laboratoire Sciences Pour l'Environnement

https://spe.universita.corsica/

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