Dans le cadre d’un programme d’études, des chercheurs de l’Université de Corse et du CNRS s’intéressent aux écosystèmes de ces espaces vulnérables, et témoins du changement climatique. Objectif : fournir aux décideurs publics des éléments scientifiques clés pour les informer et les guider dans leurs actions en matière de gestion.
La philosophie du projet est simple : mieux connaître le fonctionnement des zones humides afin d’assurer plus efficacement la conservation de ces écosystèmes. Depuis 2022, dans le cadre du *Programme d’Investissement d’Avenir UNITI (UNIversité : pour la Transformation au service des territoires Insulaires méditerranéens), dont un des projets est dédié à la caractérisation et à l’adaptation des ressources terrestres au changement climatique, les chercheurs de l’Université de Corse s’intéressent à ces espaces qui jouent un rôle crucial pour la biodiversité. Ces travaux, conduits par le laboratoire SPE Sciences Pour l’Environnement (Université de Corse – CNRS) s’inscrivent dans le droit fil d’études réalisées depuis 2015, sur ces milieux.
« Les zones humides telles que les lagunes côtières, sont des milieux de transition entre les écosystèmes terrestres et les masses d’eau continentales et marines, qui jouent un rôle clé pour la biodiversité et le cycle de l’eau, explique Emilie Garel, maître de conférences en hydrogéologie à l’Université de Corse. Leur rôle est d’autant plus important dans un contexte insulaire, en Méditerranée, où les pressions climatiques et anthropiques sont plus marquées. » L’enjeu est de taille : selon l’observatoire des zones humides de l’Office de l’environnement de la Corse, ces espaces représentent quelques 33 000 hectares dans l’île. Chaque zone humide, lagune, tourbière, mare temporaire, joue un rôle différent en fonction de sa taille, de sa typologie, de son emplacement, pour la conservation de la faune et de la flore, ou bien la séquestration de carbone.
Malgré leur importance pour l’environnement, l’anthropisation, les apports de polluants, les rejets de stations d’épuration, les problématiques de fréquentation non adaptée, etc., sont autant de menaces qui pèsent sur ces milieux. « Ces écosystèmes fonctionnent comme des exutoires pour les bassins-versants, développe Emilie Garel. Ils sont particulièrement vulnérables aux pollutions issues des eaux de surface mais également des eaux souterraines, dont les impacts peuvent se manifester plusieurs décennies plus tard. »
Les études menées par les chercheurs consistent à analyser les paramètres qui influent sur la qualité hydrologique de ces milieux pour mieux cerner leur fonctionnement. En particulier l’impact de la hausse des températures mais également la diminution des apports en eau en période de sécheresse, sur fond de changement climatique. Aux yeux des responsables de ce programme de recherche, la sensibilité de ces milieux nécessite ainsi une approche globale prenant en compte tous les compartiments interagissant avec ces milieux. Objectif : fournir des éléments d’arbitrage aux gestionnaires de l’environnement en faisant la démonstration que la dynamique qualitative des eaux souterraines est influencée par des processus beaucoup plus long que ceux observés en surface. Elle conserve, sur le temps long, la mémoire des impacts des activités humaines à l’échelle du bassin-versant.
« La mise en place d’une gestion durable et adaptée des zones humides est un exercice complexe, considère Emilie Garel. Au-delà des évolutions démographiques et socio-économiques, elle nécessite la prise en compte des effets du changement climatique qui rendent d’autant plus difficile la préservation de leurs fonctions hydrologiques et écologiques. »
*Le PIA UNITI (Programme d’Investissement d’Avenir UNIversité : pour la Transformation au service des territoires Insulaires méditerranéens), porté par l’Université de Corse, figure parmi les 17 lauréats de la deuxième vague de l’appel à projets « Excellences sous toutes ses formes » de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Il bénéficie d’une aide de l’État au titre de France 2030.
Décembre 2024