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Université de Corse : un projet scientifique pour sauver les anges de mer

Le laboratoire Stella Mare et le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Corse mènent des études approfondies autour de cette espèce protégée et menacée d’extinction. Objectif : mieux la connaître pour améliorer sa conservation dans le milieu naturel.

Crédit photo Tony Viacara – 2021

C’est un poisson cartilagineux, au corps plat et tacheté, devenu extrêmement rare dans les eaux de la Méditerranée. Son nom ? L’ange de mer commun ou Squatina squatina. Communément appelée « requin ange », cette espèce benthique aux nageoires très larges est inscrite sur la liste des espèces protégées de la Convention de Berne depuis 1979 mais sa pêche n’est réellement réglementée dans les eaux européennes que depuis 2009. Considérée comme l’une des cent espèces les plus menacées au monde, elle a fait l’objet d’un classement en « danger critique d’extinction » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La destruction des habitats côtiers, la surpêche et l’urbanisation du littoral ont conduit l’ange de mer au bord de la disparition.

Crédit photo Thibaut Bernard – 2022

Depuis fin 2021, ce poisson autrefois consommé et abondant dans les eaux côtières est au centre d’un projet de recherche, baptisé Corsic’Ange, conduit par le laboratoire Stella Mare (Université de Corse – CNRS) et financé par les Fonds européens pour les affaires maritimes et la pêche, au titre de la protection de la biodiversité et des écosystèmes marins. Son ambition : mieux connaître l’ange de mer pour améliorer sa conservation, dans le droit fil de la démarche internationale initiée par l’Angel Shark Conservation Network. « En raison de pressions anthropiques moins fortes et d’une pêche moins impactante, la Corse reste l’une des dernières zones de Méditerranée où cette espèce subsiste, explique Eric Durieux, enseignant-chercheur en écologie halieutique et responsable de ce projet au sein du laboratoire Stella Mare. Cette situation nous donne donc la possibilité de l’étudier pour contribuer concrètement à sa protection et, à terme, à la restauration de ses populations. »

Ce projet implique un autre partenaire essentiel : le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Corse (CRPMEMC), représentant des pêcheurs de l’île. Derniers observateurs réguliers de l’espèce dans les eaux insulaires, ceux-ci sont en effet les seuls à détenir une connaissance empirique de l’exploitation passée de l’espèce et de l’évolution de ses populations. Sous l’égide d’Eric Durieux et de Caroline Bousquet, ingénieure d’études sur ce projet, Stella Mare a positionné les pêcheurs comme une pièce maîtresse du dispositif. À travers notamment des questionnaires et le marquage d’individus à l’occasion de captures

Crédit photo Pierre-Antoine Gougelet – 2022

accidentelles, ces professionnels renseignent les scientifiques sur cette espèce emblématique. Objectif : acquérir des connaissances sur les zones de nurserie, de reproduction, de migration, ainsi que sur le territoire vital des anges de mer au large des côtes corses. Au total, une quarantaine d’individus capturés et relâchés par les pêcheurs vont être équipés d’émetteurs permettant d’étudier leur comportement dans le milieu à travers un réseau de récepteurs disposés sur la côte orientale de l’île. « L’ensemble de la profession est impliquée dans ce projet afin de maintenir dans nos eaux cette espèce à forte valeur patrimoniale, souligne Jessica Dijoux, directrice du CRPMEM. Son observation est difficile et la Corse demeure l’un de ses derniers refuges, et cela grâce à notre pêcherie artisanale et ancestrale. »

 

 

 

 

 

 

Octobre 2022

LABORATOIRE STELLAMARE

https://stellamare.universita.corsica/

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